Yves Migdal, animateur de l’émission « Jazzlib’ » de Radio Libertaire :
« Dans ce minuscule théâtre de l’Île Saint-Louis, le pianiste, auteur, jazzman, Romain Villet nous raconte, accompagné de son trio, son amour pour le jazzman canadien Oscar Peterson.
Spectacle drôle, émouvant, intello-décalé, rempli de jeux de mots pourris qui m’ont enchanté, car je suis client du genre.
Au travers de quelques standards issus du répertoire d’Oscar, le travail de Romain (Hé oui, je ne pouvais pas l’éviter), nous fait partager la lente évolution de pianiste classique, pour devenir un jazzman amoureux. Un processus initiatique long, douloureux parfois, une transmutation alchimique dont l’amour se multiplie à l’infini. L’amour des notes, des femmes, des mots, tout y passe et je me suis retrouvé dans ces expériences, lesquelles finalement, à quelques détails près, tous les amoureux du swing en ont fait l’expérience.
Je précise également un autre aspect du spectacle que j’ai trouvé impressionnant. Romain Villet est aveugle, et si personne ne me l’avait dit, j’aurais mis beaucoup de temps avant de le comprendre. En effet, il se déplace sur la petite scène encombrée d’un piano demi-queue, du contrebassiste (Olivier Michel) et du batteur (Antoine Couissinier) avec aisance, vous regarde, s’adresse à ses comparses, qui lui répondent vertement, le tout dans une fluidité impressionnante.
Sa cécité est apparue à l’âge de quatre ans, apprend le braille et fait toute sa scolarité parmi les voyants dans des établissements publics !!!
Il n’est d’ailleurs pas que musicien. Il a également fait des études de droit privé et il est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, du CFJ (Centre de Formation des Journalistes) (Je me demande si je ne l’ai pas eu comme élève ??). Musicien multidirectionnel, il a écrit plusieurs romans, un documentaire, et évidemment compose et réalise des albums en trio.
Je vous conseille de visiter son site Internet pour comprendre l’humour et le recul de ce jeune musicien (il est né en 1979) à facettes, dont le talent et la simplicité m’ont enchanté. Ce spectacle qui s’adresse en premier lieu aux novices ou primo-accédants du jazz, pourra aussi pour les vieux briscards dont je fais partie, vous ravir sans retenue. »